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D'abord Ă©tabli comme camp de travail forcĂ©, Treblinka devint l'un des trois centres de mise Ă mort mis en place dans le cadre de l'OpĂ©ration Reinhard Ă©galement appelĂ©e Aktion Reinhard ou Einsatz Reinhard. En novembre 1941, sous les auspices de la SS et la police du district de Varsovie, dans le gouvernement gĂ©nĂ©ral, fut créé un camp de travail forcĂ© pour les Juifs appelĂ© Treblinka, puis Treblinka I. Les lieux servaient Ă©galement de camp de formation au travail » pour les Polonais non juifs qui avaient violĂ©, aux yeux des Allemands, la discipline du travail. Ces deux catĂ©gories de dĂ©tenus se trouvaient dans des unitĂ©s sĂ©parĂ©es et Ă©taient, pour la majoritĂ©, affectĂ©es Ă une carriĂšre voisine. En juillet 1942, les autoritĂ©s de l'OpĂ©ration Reinhard terminĂšrent la construction d'un centre de mise Ă mort, nommĂ© Treblinka II. PrĂ©vu pour l'extermination des Juifs de Varsovie, Treblinka II se situait dans le district de Varsovie du gouvernement gĂ©nĂ©ral. Cependant, parce qu'il faisait partie de l'OpĂ©ration Reinhard, c'est Odilo Globocnik, chef de la SS et de la police du district de Lublin, qui en avait la gestion. Quand Treblinka II se mit en marche, les deux autres centres de mise Ă mort de l'OpĂ©ration Reinhard, Belzec et Sobibor, Ă©taient dĂ©jĂ en action. Position et topographie de Treblinka II Mis en place pendant l'occupation allemande de la Pologne au cours de la Seconde Guerre mondiale, le camp de travail et centre de mise Ă mort de Treblinka se situait dans le district de Varsovie, au sein du gouvernement gĂ©nĂ©ral Generalgouvernement. Le camp de travail, Treblinka I, fut construit autour d'une carriĂšre active avant la guerre, Ă environ 6 kilomĂštres de la gare du village. Si la zone Ă©tait peu peuplĂ©e, on y trouvait nĂ©anmoins un important embranchement ferroviaire dans la bourgade de Malkinia Gorna, un peu plus frĂ©quentĂ©e. SituĂ©e Ă mi-chemin des 160 kilomĂštres de voie ferrĂ©e sĂ©parant Varsovie de Bialystok, sa position en faisait un point de jonction avantageux entre les districts du Generalgouvernement et ces deux villes, et offrait un accĂšs facile Ă Lublin, Radom et Bialystok. C'est dans cette rĂ©gion isolĂ©e que les artisans de l'OpĂ©ration Reinhard choisirent le site du centre de mise Ă mort de Treblinka. Treblinka II se trouvait Ă moins de deux kilomĂštres du camp de travail prĂšs du village de Wolka Okraglik, le long d'une autre voie ferrĂ©e reliant Malkinia et Siedlce. Les Allemands apportĂšrent quelques amĂ©liorations au rĂ©seau ferroviaire entre ces points grĂące Ă des embranchements joignant le camp de travail et le centre de mise Ă mort tout en gardant l'accĂšs Ă Malkinia. Formant un trapĂšze de 400 sur 600 mĂštres l'Ă©quivalent de presque 34 terrains de football, le site du centre de mise Ă mort Ă©tait densĂ©ment boisĂ© et Ă l'abri des regards. Des branchages entrelacĂ©s dans la clĂŽture de fils barbelĂ©s et des arbres plantĂ©s autour servaient Ă le camoufler. Des miradors de 8 mĂštres de hauteur Ă©taient placĂ©s sur le pĂ©rimĂštre et aux quatre coins. Le centre de mise Ă mort se divisait en trois sections la rĂ©ception, les habitations, et la zone d'extermination. C'est dans la deuxiĂšme que se trouvaient les logements du personnel allemand et des gardes, ainsi que des bureaux, une clinique, des entrepĂŽts et des ateliers. Une partie comprenait Ă©galement les baraquements des prisonniers juifs sĂ©lectionnĂ©s parmi les nouveaux arrivants pour fournir la main-d'Ćuvre nĂ©cessaire Ă la fonction du camp l'extermination de masse. Les dĂ©portations vers Treblinka Les victimes de Treblinka provenaient essentiellement des ghettos situĂ©s dans les districts de Varsovie et Radom, dans le Generalgouvernement. Entre la fin juillet et septembre 1942, les Allemands dĂ©portĂšrent prĂšs de 265 000 Juifs depuis le premier, puis, d'aoĂ»t Ă novembre, 346 000 depuis le deuxiĂšme. Depuis le district de Bialystok en Pologne occupĂ©e, administrativement rattachĂ©e Ă la Prusse orientale allemande, plus de 110 000 Juifs connurent le mĂȘme sort entre octobre 1942 et fĂ©vrier 1943. Enfin, des convois en transportant au moins 33 300 autres vinrent du district de Lublin. La SS et la police allemande dĂ©portĂšrent Ă©galement des Juifs des zones occupĂ©es par la Bulgarie, Ă Thrace et en MacĂ©doine, ainsi que 8 000 Juifs de Theresienstadt, dans le protectorat de BohĂȘme-Moravie, vers Treblinka II. D'autres petits groupes dont on ignore le nombre provenant d'Allemagne, d'Autriche, de France et de Slovaquie y furent tuĂ©s, aprĂšs un passage par divers lieux de transit du Generalgouvernement, ainsi que des Tsiganes et des Polonais, on ne sait combien exactement non plus. Les dĂ©portations vers Treblinka se poursuivirent jusqu'au printemps 1943, les plus notables Ă©tant celles des quelque 7000 Juifs transportĂ©s du ghetto de Varsovie, liquidĂ© aprĂšs le soulĂšvement. Quelques convois isolĂ©s arrivĂšrent aprĂšs le mois de mai. Le personnel de Treblinka I et II La direction du centre de mise Ă mort Treblinka II se composait d'un petit nombre de SS allemands et de fonctionnaires de police, entre 25 et 35 hommes. Comme les autres centres de l'OpĂ©ration Reinhard, la majoritĂ© des employĂ©s allemands faisaient partie du programme d' euthanasie » Aktion T4. Le premier commandant de Treblinka II Ă©tait le Dr Irmfried Eberl, un mĂ©decin qui avait gazĂ© des patients en sa qualitĂ© de directeur mĂ©dical aux centres d' euthanasie » de Bradenburg et de Bernburg. Sa mauvaise gestion du camp entraĂźna son renvoi le 26 aoĂ»t 1942, six semaines seulement aprĂšs son arrivĂ©e. C'est Franz Stangl, transfĂ©rĂ© du centre de mise Ă mort de Sobibor, qui le remplaça. Cet ancien agent de la police criminelle Kripo avait Ă©tĂ© directeur administratif adjoint aux centres de mise Ă mort et d' euthanasie » de Hartheim et de Bernburg. AprĂšs la rĂ©volte des prisonniers de Treblinka le 23 aoĂ»t 1943, un troisiĂšme commandant lui succĂ©da, Kurt Franz, un ancien cuisinier dans les centres d' euthanasie » de Hartheim, Brandenburg, Grafeneck et Sonnenstein ainsi qu'au centre de mise Ă mort de Belzec. Il assura ses fonctions Ă Treblinka II jusqu'Ă la liquidation du site en novembre 1943. Ă Treblinka I, le camp de travail, le capitaine SS Theodor van Eupen fut affectĂ© au poste de commandant de 1941 Ă 1944. Contrairement Ă Treblinka II, oĂč la fonction dĂ©pendait des autoritĂ©s de l'OpĂ©ration Reinhard et de l'Aktion T4, celle de Treblinka I Ă©tait directement rattachĂ©e Ă la SS et Ă la police de Varsovie. PlacĂ©e sous la coupe des autoritĂ©s allemandes se trouvait Ă©galement une unitĂ© de gardes auxiliaires comprenant 90 Ă 150 hommes, anciens prisonniers de guerre soviĂ©tiques de diverses nationalitĂ©s ou civils ukrainiens sĂ©lectionnĂ©s ou recrutĂ©s pour le poste. Tous Ă©taient formĂ©s au camp de Trawniki, spĂ©cialement amĂ©nagĂ© par la SS et la police de Lublin. Le meurtre de masse Des convois de 50 ou 60 wagons s'arrĂȘtaient d'abord en gare de Malkinia. Par groupe de 20, ils Ă©taient ensuite dirigĂ©s vers le centre de mise Ă mort. Les gardes ordonnaient aux victimes de se rendre dans la zone de rĂ©ception oĂč se trouvaient la voie de garage et le quai, ainsi qu'un bĂątiment ressemblant trait pour trait Ă une petite station normale avec son horloge en bois, ses faux panneaux et horaires de trains. Les SS et les policiers allemands annonçaient aux victimes qu'elles Ă©taient arrivĂ©es dans un camp de transit et devaient remettre tout objet de valeur. La zone de rĂ©ception disposait Ă©galement d'une place de la dĂ©portation », un endroit clĂŽturĂ© comportant deux baraquements dans lesquels les dĂ©portĂ©s âhommes d'un cĂŽtĂ©, femmes et enfants de l'autre âdevaient se dĂ©shabiller. C'est aussi lĂ que se trouvaient de vastes entrepĂŽts oĂč Ă©taient stockĂ©es les affaires des prisonniers Ă trier et envoyer en Allemagne via Lublin. Dans la zone d'extermination, un passage couvert et camouflĂ© appelĂ© le boyau » Schlauch en allemand menait de la zone de rĂ©ception aux chambres Ă gaz, dans la zone d'extermination, qu'un panneau mensonger annonçait comme Ă©tant des douches. Les victimes, nues, devaient s'y rendre en courant. Une fois les portes hermĂ©tiquement verrouillĂ©es, un Ă©norme moteur diesel installĂ© Ă l'extĂ©rieur diffusait du monoxyde de carbone, tuant tous les prisonniers. Les Sonderkommandos Ă Treblinka II Des membres du Sonderkommando dĂ©tachement spĂ©cial, un groupe de dĂ©tenus juifs temporairement Ă©pargnĂ©s, travaillaient dans la zone d'extermination. Ils retiraient les corps des chambres Ă gaz et, dans un premier temps, les enterraient dans des fosses communes. Puis, au mois d'octobre 1942, le personnel du camp ordonna d'exhumer les cadavres pour les brĂ»ler sur des fours » Ă ciel ouvert construits Ă l'aide de rails. Cette tĂąche revenait au Sonderkommando 1005, chargĂ© de dĂ©terrer et dĂ©truire toute preuve de meurtre de masse dans les territoires de l'Est occupĂ©s par l'Allemagne. RĂ©guliĂšrement, le personnel allemand et les gardes formĂ©s Ă Trawniki abattaient les membres de ces dĂ©tachements de travailleurs juifs et les remplaçaient par un autre groupe dans de nouveaux convois. D'autres dĂ©tenus sĂ©lectionnĂ©s pour les Sonderkommandos qui travaillaient dans la zone d'administration-rĂ©ception Ă©taient chargĂ©s de recevoir les prisonniers Ă la descente des trains, de leur dĂ©shabillage, de la collecte des objets de valeur et du passage forcĂ© dans le boyau » qui les menait Ă la mort. Ils triaient ensuite les affaires des personnes exterminĂ©es pour prĂ©parer leur envoi vers l'Allemagne et ils Ă©taient affectĂ©s au nettoyage des wagons pour les dĂ©portations suivantes. On annonçait aux individus malades ou trop faibles pour atteindre les chambres Ă gaz seuls qu'ils allaient ĂȘtre soignĂ©s. Des membres du Sonderkommando les emmenaient dans une zone camouflĂ©e qui ressemblait Ă un petit hĂŽpital, croix rouge Ă l'appui. C'est lĂ que le caporal SS Willi Mentz, qui avait prĂ©alablement effectuĂ© des tĂąches agricoles dans les centres d' euthanasie » de Grafeneck et Hadamar, exĂ©cutait les victimes au-dessus d'une fosse commune. RĂ©sistance et rĂ©volte Ă Treblinka Les dĂ©tenus juifs créÚrent un mouvement de rĂ©sistance Ă Treblinka au dĂ©but de l'annĂ©e 1943. Quand les opĂ©rations du camp furent presque terminĂ©es, ils craignirent de voir le site dĂ©mantelĂ© et d'ĂȘtre tuĂ©s. Aussi, Ă la fin du printemps et Ă l'Ă©tĂ© 1943, les responsables de la rĂ©sistance choisirent la rĂ©volte. Le 2 aoĂ»t, les prisonniers s'emparĂšrent discrĂštement d'armes dans l'armurerie, mais furent dĂ©couverts avant de pouvoir prendre le contrĂŽle du camp. Des centaines d'entre eux se prĂ©cipitĂšrent vers la porte principale pour tenter de fuir. Beaucoup furent abattus Ă la mitrailleuse. Plus de 300 parvinrent Ă s'Ă©chapper, mais deux tiers d'entre eux furent repris et fusillĂ©s par les SS, la police allemande et les unitĂ©s militaires. Sur ordre d'Odilo Globocnik, chef de la SS et de la police Ă Lublin, les SS et les policiers allemands firent dĂ©manteler le site par les survivants, puis les exĂ©cutĂšrent une fois la tĂąche accomplie. La fin des camps de Treblinka Les Allemands ordonnĂšrent le dĂ©mantĂšlement de Treblinka II Ă l'automne 1943. De la fin juillet 1942 Ă septembre 1943, on estime Ă 925 000 le nombre de Juifs qu'ils y exterminĂšrent, ainsi qu'un nombre indĂ©terminĂ© de Polonais, de Tsiganes et de prisonniers de guerre soviĂ©tiques. Treblinka I, le camp de travail forcĂ©, continua de fonctionner jusqu'Ă la fin juillet 1944. Pendant que le centre de mise Ă mort Ă©tait en activitĂ©, des Juifs Ă©taient sĂ©lectionnĂ©s parmi les nouveaux arrivants et transfĂ©rĂ©s vers Treblinka I. Ceux jugĂ©s trop faibles pour y travailler Ă©taient rĂ©guliĂšrement renvoyĂ©s Ă Treblinka II et Ă©liminĂ©s. Ă la fin du mois de juillet 1944, alors que les troupes soviĂ©tiques approchaient, les autoritĂ©s du camp et les gardes formĂ©s Ă Trawniki fusillĂšrent les prisonniers juifs restants, soit entre 300 et 700, puis se hĂątĂšrent de dĂ©manteler et d'Ă©vacuer le site. AprĂšs avoir dĂ©moli toute trace du camp, on planta des lupins et on installa un agriculteur allemand ethnique pour camoufler ce qui s'Ă©tait rĂ©ellement passĂ© sur les lieux. Les SoviĂ©tiques envahirent le camp de travail et le centre de mise Ă mort au cours de la derniĂšre semaine de juillet 1944.
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CommelâĂ©crit fort justement Dominique Colas, chez LĂ©nine, « la violence est la vĂ©ritĂ© de la politique, son condensĂ©, le rĂ©vĂ©lateur des rapports de force, lâĂ©preuve oĂč se sĂ©parent rĂ©volutionnaires et opportunistes, lâordalie matĂ©rialiste ». « La force seule, affirme LĂ©nine, peut rĂ©soudre les grands problĂšmes historiques ».
1 Dans un roman rĂ©cemment traduit en français, Javier Cercas relate lâenquĂȘte obstinĂ©e qui lâa menĂ© sur les traces dâun nonagĂ©naire barcelonais, Enric Marco Batlle [1]. Pendant des annĂ©es, celui-ci sâest fait passer pour un ancien combattant antifranquiste et a portĂ© la parole des survivants espagnols de lâHolocauste, multipliant confĂ©rences et interviews. Mais en 2005, un historien, Benito Bermejo, met au jour son imposture, plongeant le pays dans la stupĂ©faction Marco est bien allĂ© en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale mais en tant que travailleur volontaire ; il a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© par la Gestapo Ă Kiel et a passĂ© trois semaines en prison, mais il nâa jamais Ă©tĂ© internĂ© dans le camp de concentration de Flossenburg, en BaviĂšre. Javier Cercas souligne que le succĂšs de cette biographie fantasmĂ©e, entremĂȘlement de vĂ©ritĂ©s et de mensonges, sâexplique par la version positive quâelle proposait de lâhistoire rĂ©cente de lâEspagne, mettant en scĂšne un peuple courageux et qui avait rĂ©sistĂ© tant Ă la dictature franquiste quâau nazisme. Ă cette amnĂ©sie collective et Ă la frĂ©nĂ©sie de mĂ©moire historique » qui sâest dĂ©veloppĂ©e depuis les annĂ©es 2000, Ă©rigeant en vĂ©ritĂ© absolue la parole des victimes, lâĂ©crivain oppose lâenquĂȘte historique. Le chantage du tĂ©moin » nâest ainsi dĂ©finitivement avĂ©rĂ© quâĂ la fin du roman, lorsque lâauteur oppose aux dires du fantasque imposteur la vĂ©ritĂ© des archives, en lâespĂšce le registre dâentrĂ©e du camp de concentration de Flossenburg celui-ci ne contient pas le nom de Marco [2]. 2Si Marco avait commencĂ© Ă Ă©voquer son internement dans un camp de concentration nazi en 1976, ce nâest quâen 2000 quâil sâest rapprochĂ© des associations dâanciens dĂ©portĂ©s lâabsence de survivant parmi les 14 Espagnols qui avaient Ă©tĂ© internĂ©s dans le camp de Flossenburg rendait peu probable une mise en doute de sa parole. Le contexte est alors extrĂȘmement favorable Ă lâaffabulateur car la sociĂ©tĂ© espagnole entre dans une pĂ©riode dâintense activitĂ© mĂ©morielle qui fait la part belle aux tĂ©moignages des victimes de la dictature franquiste. Un fort mouvement associatif revendique en effet une rĂ©cupĂ©ration de la mĂ©moire historique », câest-Ă -dire une mise en rĂ©cit de lâhistoire rĂ©cente de lâEspagne qui rompe avec le silence et le mensonge qui auraient jusque-lĂ prĂ©valu. Ce dĂ©bat public autour du passĂ© est aujourdâhui exacerbĂ© relayĂ© par les mĂ©dias, il passionne lâopinion publique et est largement utilisĂ© par les partis politiques [3]. LâEspagne semble ainsi malade de son passĂ©, incapable dâassumer les fantĂŽmes de la guerre civile et de la rĂ©pression franquiste. Comme dans dâautres pays europĂ©ens ayant connu une transition vers la dĂ©mocratie, la question de la conservation et de lâouverture des archives joue dans la pĂ©ninsule un rĂŽle crucial puisquâelle est la condition de lâĂ©tablissement de la vĂ©ritĂ© historique et de la rĂ©habilitation de la mĂ©moire des victimes [4]. Si, pendant la transition dĂ©mocratique, aucune destruction massive dâarchives nâa fait la une des mĂ©dias au contraire de lâAllemagne, une partie des documents les plus sensibles de la Stasi ayant Ă©tĂ© dĂ©truits dans la prĂ©cipitation Ă lâautomne 1989, certains fonds ne sont toujours pas localisĂ©s ou restent inaccessibles, le parcours du chercheur pouvant alors relever du parcours du combattant. 3Depuis le dĂ©but des annĂ©es 2000, plusieurs instances se disputent le monopole de lâĂ©laboration de la comprĂ©hension du passĂ© rĂ©cent de lâEspagne [5]. Dans ce conflit mĂ©moriel, la conservation et la communication des archives constituent un enjeu politique et juridique dans lequel interfĂšrent mĂ©moire, histoire et dĂ©sir de justice [6]. Le but de cet article est dâĂ©clairer une question qui Ă©lectrise le dĂ©bat public outre-PyrĂ©nĂ©es et atteste dâun usage trĂšs politique de lâhistoire. Il nâexiste pas Ă notre connaissance dâĂ©tat des lieux rendant compte de façon exhaustive et dĂ©taillĂ©e de lâĂ©tat des archives relatives Ă la guerre civile et au franquisme, trĂšs nombreuses, hĂ©tĂ©rogĂšnes et Ă©parpillĂ©es sur le territoire espagnol [7]. Notre ambition nâest pas de combler cette lacune plus modestement, il sâagit de prĂ©senter une synthĂšse de la littĂ©rature et de la sitographie existantes tout en indiquant quels outils peuvent ĂȘtre utilisĂ©s pour mieux se repĂ©rer dans le maquis des archives franquistes. Par consĂ©quent, nous dĂ©crirons dâabord les grandes Ă©tapes de la conservation et de la communication de ces documents depuis 1936 Ă aujourdâhui avant de voir concrĂštement comme les chercheurs-euses peuvent travailler dans ce cadre complexe. Conserver et communiquer les archives la reproduction des divisions de la guerre civile et de la dictature 1936 â annĂ©es 1990 La politique archivistique de la dictature franquiste 4Dans les jours qui suivent le coup dâĂtat du 17-18 juillet 1936, lâEspagne se trouve partagĂ©e en deux, en fonction de lâadhĂ©sion ou non de la population et des autoritĂ©s aux militaires insurgĂ©s ; le conflit va durer prĂšs de trois annĂ©es. Dans le camp franquiste, lâarmĂ©e met en place un systĂšme de rĂ©quisition documentaire qui affecte aussi bien le domicile des particuliers que les siĂšges dâinstitutions et dâorganismes jugĂ©s hostiles partis politiques, syndicats, cercles libertaires, organisations antifascistes, loges maçonniques, membres importants du gouvernement rĂ©publicain, etc. [8]. Cette documentation confisquĂ©e archives, livres, photographies, affiches, drapeaux, meubles de loges maçonniques⊠constitue une source dâinformation fondamentale pour organiser la rĂ©pression, qui vise deux ennemis principaux le communisme et la franc-maçonnerie [9]. Créée en avril 1938 au sein du ministĂšre de lâIntĂ©rieur, la DĂ©lĂ©gation dâĂtat pour la rĂ©cupĂ©ration de documents DelegaciĂłn del Estado para la RecuperaciĂłn de Documentos, DERD est chargĂ©e de recueillir, traiter et classer tous les documents susceptibles de fournir des antĂ©cĂ©dents relatifs aux ennemis de lâĂtat » pour les transmettre aux tribunaux militaires [10]. Ă mesure que les troupes franquistes avancent et conquiĂšrent le Nord et lâEst de lâEspagne, la DERD saisit de façon indiscriminĂ©e les archives des institutions publiques, des partis politiques de gauche et des syndicats, et les regroupe Ă Salamanque, dans lâancien Colegio San Ambrosio [11]. Une fois la guerre terminĂ©e, la politique archivistique menĂ©e par la dictature a Ă©tĂ© une politique a minima [12]. Dâune part, celle-ci sâest centrĂ©e sur les grands organes de conservation qui avaient Ă©tĂ© mis en place au XIXe siĂšcle, comme les Archives gĂ©nĂ©rales centrales Archivo General Central et les Archives historiques nationales Archivo HistĂłrico Nacional, respectivement situĂ©es Ă AlcalĂĄ de Henares et Ă Madrid [13]. Dâautre part, on continue de crĂ©er des centres dâarchives provinciaux lâĂ©quivalent des archives dĂ©partementales françaises, dans la lignĂ©e de ce qui avait Ă©tĂ© entrepris sous la Seconde RĂ©publique. En 1969 naissent les Archives gĂ©nĂ©rales de lâadministration, solution dâurgence destinĂ©e Ă remĂ©dier au problĂšme que reprĂ©sente lâaccumulation de milliers de mĂštres linĂ©aires de documentation dans les ministĂšres. Mais lâinsuffisance des moyens financiers, qui se traduit notamment par le manque de personnel spĂ©cialisĂ©, entraĂźne une dĂ©gradation du patrimoine archivistique, par ailleurs classĂ© de façon erratique. Cette situation aboutit Ă un vĂ©ritable chaos documentaire », aggravĂ© par le fait que durant le conflit, une partie des archives du camp rĂ©publicain a Ă©tĂ© dĂ©truite ou emportĂ©e en exil. 5La politique de pillage et de saisie documentaire menĂ©e par la DERD Ă des fins rĂ©pressives sâinscrit dans lâentreprise dâannihilation physique et symbolique de lâennemi rĂ©publicain, pourchassĂ© fĂ©rocement durant toutes les annĂ©es 1940. ParallĂšlement Ă cette vaste entreprise rĂ©pressive dĂ©sormais bien connue des la dictature impose une damnatio memoriae qui pĂšse sur la totalitĂ© du passĂ© rĂ©publicain contraints au silence, les vaincus ont pour obligation dâoublier leur histoire personnelle et collective [14]. Le rĂ©gime construit et impose une interprĂ©tation officielle du conflit dĂšs le mois de juillet 1936, prĂ©sentĂ© comme une entreprise de libĂ©ration du joug du parlementarisme, du communisme et de la franc-maçonnerie. Les politiques mĂ©morielles et les usages propagandistes de lâhistoire jouent un rĂŽle fondamental dans la propagande de la dictature, qui tente ainsi de faire oublier son illĂ©galitĂ© et sa violence originelles. Lâhistoriographie officielle livre une version du conflit en tous points opposĂ©s Ă la celle â tout aussi manichĂ©enne et Ă©pique » â des rĂ©publicains en exil [15]. Dans les annĂ©es 1960, des hispanistes anglais, amĂ©ricains et français remettent en cause lâhistoire officielle franquiste en proposant de nouvelles interprĂ©tations de la guerre [16]. Mais ils nâont pas accĂšs aux archives espagnoles et fondent donc leurs travaux sur la presse, les dĂ©bats parlementaires de la RĂ©publique, les archives diplomatiques, les congrĂšs de lâInternationale communiste, les mĂ©moires ou les tĂ©moignages oraux des leaders rĂ©publicains en exil, des figures du camp franquiste et des tĂ©moins de la guerre. ConfrontĂ© Ă lâĂ©mergence dâune opposition politique, le rĂ©gime tente de rĂ©agir en proposant une histoire plus documentĂ©e, moins explicitement propagandiste un Centre dâĂ©tudes de la guerre civile Centro de estudios de la Guerra Civil est créé en 1965 et confiĂ© Ă lâhistorien Ricardo de la Cierva. Dans lâouvrage quâil publie en 1969, celui-ci utilise de sources rĂ©publicaines, admet lâexistence de crimes dans les deux camps et adopte Ă lâĂ©gard des vaincus un ton moins vindicatif [17]. JusquâĂ la mort du dictateur dans son lit, le 20 novembre 1975, lâaccĂšs des aux archives espagnoles reste en tout cas largement restreint. La transition vers un nouveau rĂ©gime archivistique et historiographique ? 6AprĂšs la mort de Franco, la transition vers la dĂ©mocratie se fait dans le cadre institutionnel de la dictature et ne rompt symboliquement pas avec elle [18]. Le caractĂšre pacifique de ce processus doit ĂȘtre garanti par un pacte dâoubli » afin de ne pas rouvrir de blessure fratricide. Pourtant, la question des archives de la guerre civile et du franquisme est posĂ©e Ă plusieurs reprises. En 1977, une polĂ©mique Ă©clate autour des Ă©vĂ©nements survenus Ă Guernica, le 26 avril 1937 [19]. La querelle ne porte pas sur le nombre de victimes mais sur la rĂ©alitĂ© mĂȘme du bombardement opĂ©rĂ© par la lĂ©gion Condor, la version officielle prĂ©tendant que la destruction de la ville Ă©tait due Ă un incendie provoquĂ© par les soldats rĂ©publicains lors de leur retraite. Lors du quarantiĂšme anniversaire du massacre, une assemblĂ©e rĂ©unissant tĂ©moins et historiens demande au gouvernement lâouverture des archives de la guerre civile, conservĂ©es aux Archives nationales de Salamanque, pour que la lumiĂšre puisse enfin ĂȘtre faite sur lâĂ©vĂ©nement. Au dĂ©but de lâannĂ©e 1978, le tout nouveau gouvernement dâAdolfo SuĂĄrez autorise lâun des historiens de la commission officielle Ă accĂ©der Ă la documentation, mais sans remettre pour autant en cause lâancienne version attribuant la responsabilitĂ© du bombardement aux soldats rĂ©publicains. NĂ©anmoins, une impulsion semble donnĂ©e qui se confirme en mai 1979 quelques mois aprĂšs lâadoption dâune nouvelle constitution, les fonds de la DERD entreposĂ©s Ă Salamanque deviennent une annexe des Archives nationales et sont rĂ©unis dans une section dĂ©nommĂ©e Guerre civile ». Lâhistorien Ăngel Viñas clame alors que lâaccĂšs ouvert Ă ces fonds, souvent mal conservĂ©s et ayant fait lâobjet de destructions, est dĂ©cisif pour la dĂ©mocratie [20] ». Un lien trĂšs net est ainsi Ă©tabli, qui ressurgira au dĂ©but des annĂ©es 2000, entre dâune part la conservation et la communication des archives et dâautre part la nature du systĂšme politique pour ĂȘtre vĂ©ritable et durable, la transition de la dictature vers la dĂ©mocratie suppose une rupture nĂ©cessaire en matiĂšre de gestion documentaire. Le gouvernement autonome de Catalogne, hĂ©ritier de la Generalitat rĂ©publicaine 1931-1939, ne sây trompe pas lâune de ses premiĂšres revendications vise Ă rĂ©cupĂ©rer les documents qui avaient Ă©tĂ© saisis Ă la fin de la guerre par la DERD et qui Ă©taient conservĂ©s dans lâune des sections des Archives historiques nationales, Ă Salamanque [21]. Nationalisme catalan contre provincialisme de la vieille Castille, le bras de fer est engagĂ© autour de quarante ans de mĂ©moire historique. » [22] Faut-il rendre Ă la Catalogne ce butin de guerre », selon les termes du prĂ©sident du gouvernement catalan, Jordi Pujol, ou prĂ©server lâunitĂ© archivistique du fonds castillan ? En 1983, le ministĂšre de la Culture et le gouvernement rĂ©gional catalan parviennent Ă un accord ces documents, qui reprĂ©sentent un ensemble de 507 cartons dâarchives, doivent ĂȘtre microfilmĂ©s pour que les Archives nationales de Catalogne Arxiu Nacional de Catalunya puissent disposer dâune copie. Mais en 1992, seule la moitiĂ© des documents ont Ă©tĂ© microfilmĂ©s et leur copie effectivement transfĂ©rĂ©es en Catalogne. Une polĂ©mique intense clive le pays pour savoir si les papiers de Salamanque » doivent ou non ĂȘtre transfĂ©rĂ©s en Catalogne ; elle va perdurer jusquâau dĂ©but des annĂ©es 2010. 7En 1986, lâhistorien Albert Reig Tapia dĂ©nonce le fait quâune partie des archives de la guerre civile et du franquisme ait Ă©tĂ© dĂ©truite et dĂ©plore que, de façon gĂ©nĂ©rale, on ne sache toujours pas oĂč se trouvent certains fonds documentaires. LâaccĂšs aux archives militaires est alors toujours interdit, officiellement Ă cause du peu de temps qui sâest Ă©coulĂ© » depuis les Ă©vĂ©nements considĂ©rĂ©s [23]. NĂ©anmoins, malgrĂ© les embĂ»ches qui rendent inĂ©vitablement travaillant sur le franquisme plus » encore, selon les dires de Reig Tapia, la dĂ©cennie 1980 voit la publication des premiers ouvrages sur la guerre civile qui sont fondĂ©s sur des archives espagnoles. Si lâĂtat dĂ©mocratique nâa pas officiellement rompu avec le franquisme, il est dĂ©sormais clair que ce rĂ©gime est enterrĂ© les historiens commencent Ă lâĂ©tudier comme un Ă©pisode clos de lâhistoire espagnole [24]. Au cours des annĂ©es 1990, ces recherches connaissent un trĂšs fort dĂ©veloppement ; elles portent notamment sur lâĂ©tude de lâantifranquisme et le mouvement ouvrier. Depuis la fin de la dictature, les partis et les syndicats sortant de la clandestinitĂ© ont en effet entrepris de documenter leur mĂ©moire, se lançant dans la collecte et le rassemblement des archives dispersĂ©es Ă lâĂ©tranger. Des structures sont créées pour conserver et valoriser ces fonds, comme la Fondation Pablo-Iglesias pour le Parti socialiste PSOE, la Fondation Francisco Largo Caballero pour lâUnion gĂ©nĂ©rale des travailleurs UGT, la Fondation Salvador-Segui pour la ConfĂ©dĂ©ration gĂ©nĂ©rale du travail CGT ou des centres dâarchives rĂ©gionaux pour le syndicat Commissions ouvriĂšres [25]. Elles organisent des rencontres scientifiques et apportent leur soutien Ă des publications. Dans ce contexte favorable, les Ă©tudes portant sur la rĂ©pression franquiste se multiplient. Les historiens utilisent toutes les sources disponibles dossiers Ordre public » des gouvernements civils, jugements rendus par les tribunaux militaires, accessibles depuis 1997 [26], dossiers nominatifs de dĂ©tenus des prisons, registres des cimetiĂšres municipauxâŠ. Un groupe de de lâuniversitĂ© de Saragosse, autour de JuliĂĄn Casanova, Ă©tablit ainsi une liste des victimes de la guerre civile en Aragon en croisant les registres des cimetiĂšres avec des sources orales [27]. Ă la fin des annĂ©es 1990 existe ainsi un socle de connaissances solides sur lequel sâaccordent la majoritĂ© des historiens. Pourtant, jusquâau milieu de la dĂ©cennie, la sociĂ©tĂ© espagnole dans son ensemble ne manifeste pas dâintĂ©rĂȘt particulier pour le rĂ©gime antĂ©rieur » Ă la dĂ©mocratie. Pour les gouvernements socialistes qui se sont succĂ©dĂ© dans les annĂ©es 1980, dĂ©sireux de montrer quâils Ă©taient modernes et tournĂ©s vers le futur, la guerre civile Ă©tait un Ă©vĂ©nement non commĂ©morable » Felipe GonzĂĄlez [28]. Le conflit ainsi que la dictature franquiste sont alors absents du dĂ©bat public. Les choses changent radicalement Ă la toute fin du XXe siĂšcle. Des archives au service de la dĂ©mocratie » ? Conflits de mĂ©moire et surpolitisation du dĂ©bat public annĂ©es 2000 AccĂšs aux archives, droit Ă la vĂ©ritĂ© » et dĂ©fense des droits de lâhomme » 8En 1999, la commĂ©moration du soixantiĂšme anniversaire de la fin de la guerre civile met en lumiĂšre lâextrĂȘme brutalitĂ© du systĂšme rĂ©pressif du franquisme, qui sâest par exemple exprimĂ©e dans les adoptions illĂ©gales des enfants volĂ©s » Ă leurs parents rĂ©publicains et confiĂ©s Ă des institutions religieuses peu regardantes [29]. En octobre 2000, lâouverture dâune fosse commune Ă Priaranza del Bierzo, en Castille-et-LĂ©on, a un impact considĂ©rable. Pour Mercedes Yusta Rodrigo, ces os poussiĂ©reux rĂ©vĂ©lant la posture dans laquelle les individus se trouvaient au moment de leur assassinat Ă©meuvent la conscience collective plus que nâimporte quel discours politique ou historiographique [30]. LâĂ©vĂ©nement, largement mĂ©diatisĂ©, a Ă©tĂ© organisĂ© par lâAssociation pour la rĂ©cupĂ©ration de la mĂ©moire historique ARMH, qui vient dâĂȘtre créée par Emilio Silva. Le terme de mĂ©moire historique », qui peut paraĂźtre Ă©trange au lecteur -Ă la lectrice français-e tant il relĂšve de lâoxymore, dĂ©signe en Espagne la mĂ©moire du passĂ© rĂ©cent, câest-Ă -dire de la guerre civile et de la dictature. Lâassociation estime quâelle sâest dissipĂ©e dans une amnĂ©sie collective en raison dâune occultation dĂ©libĂ©rĂ©e par les autoritĂ©s politiques [31]. Le mouvement est multiforme phĂ©nomĂšne de rĂ©appropriation mĂ©morielle global, exigence de justice Ă©manant de la sociĂ©tĂ© civile, contestation dâune confiscation symbolique de lâespace public Ă la gloire des vainqueurs de la guerre sous le franquisme, mais aussi appel Ă multiplier les cĂ©rĂ©monies publiques de rĂ©paration aux victimes [32]. Ces revendications sâinscrivent dans un contexte plus large, celui du paradigme transnational de la justice transitionnelle et des droits de lâhomme. Le discours autour des disparus du franquisme » paraĂźt en effet directement inspirĂ© par les Commissions vĂ©ritĂ© et rĂ©conciliation » mises en place dans plusieurs pays dâAmĂ©rique latine [33]. Le phĂ©nomĂšne envahit le dĂ©bat public, StĂ©phane Michonneau allant jusquâĂ parler dâ hypermnĂ©sie » de la sociĂ©tĂ© espagnole. Plusieurs facteurs contribuent Ă cette rĂ©surgence mĂ©morielle lâinstrumentalisation du souvenir de la guerre civile par les partis politiques durant la campagne des Ă©lections lĂ©gislatives de 1996 ; lâusure de la transition dĂ©mocratique, Ă©claboussĂ©e par de nombreux cas de corruption ; le sentiment dâurgence ressenti par de nombreux survivants de la guerre et de la dictature, dĂ©sireux de mener un dernier combat contre le franquisme en dĂ©fendant leurs droits ; la montĂ©e des revendications victimaires enfin, qui coĂŻncident en partie avec ce que lâhistorienne Annette Wieviorka a dĂ©nommĂ© lâĂšre des tĂ©moins [34] ». 9Le dĂ©bat sur la mĂ©moire historique » est largement relayĂ© par les mĂ©dias et sâimmisce dans le dĂ©bat politique, quâil contribue Ă cliver plus encore. Il porte notamment sur la question des archives, rĂ©veillant par exemple lâaffaire des papiers de Salamanque ». Le transfert effectif des archives vers la Catalogne nâest toujours pas intervenu. Le maire de Salamanque, JuliĂĄn Lanzarote Parti populaire, droite, sây oppose toujours, allant mĂȘme rebaptiser la rue dans laquelle se trouvent les Archives historiques nationales Rue de la spoliation » [35]. AprĂšs de multiples rebondissements, la documentation est acheminĂ©e en Catalogne en janvier 2006, deux ans aprĂšs la victoire aux Ă©lections lĂ©gislatives des socialistes emmenĂ©s par JosĂ© Luis RodrĂguez Zapatero. Au-delĂ de cet Ă©pisode symptomatique des crispations et des mĂ©moires divisĂ©es de la sociĂ©tĂ© espagnole, un lien net est Ă©tabli par les associations entre accĂšs Ă la documentation et dĂ©fense de la dĂ©mocratie. La question des archives de la rĂ©pression » est ainsi un problĂšme social qui dĂ©passe les limites de lâarchivistique » pour lâarchiviste Alonso GonzĂĄlez Quintana, chargĂ© de rĂ©diger un rapport consacrĂ© au traitement des archives dans divers pays ayant connu des gouvernements militaires de 1974 Ă 1994, les archives des organes rĂ©pressifs des gouvernements dictatoriaux doivent ĂȘtre conservĂ©es pour faciliter les processus de transition politique et garantir les droits individuels et collectifs des citoyens [36] ». En 2002, Emilio Silva, le prĂ©sident de lâARMH, dĂ©plore pour sa part quâil existe encore en Espagne des milliers de documents, en grande partie sous juridiction militaire, qui ne peuvent ĂȘtre Ă©tudiĂ©s [37] ». Lâune des revendications que son association prĂ©sente au gouvernement concerne dâailleurs les archives outre la prise en charge par les autoritĂ©s de lâexhumation et de lâidentification des corps, le retrait de tous les monuments franquistes, elle demande la numĂ©risation de la documentation relative Ă la guerre civile et Ă lâaprĂšs-guerre afin de rendre plus aisĂ©e sa consultation [38]. Plus largement, au dĂ©but des annĂ©es 2000, la question de la collecte et de lâaccĂšs aux archives est Ă©voquĂ©e dans tous les dĂ©bats parlementaires consacrĂ©s aux victimes de la rĂ©pression franquiste. Câest par exemple le cas lors de la session du 20 novembre 2002, au cours de laquelle les Cortes condamnent le soulĂšvement militaire du 17 juillet 1936. Felipe Alcaraz Massats, du parti Gauche unie, demande alors que les archives de la guerre civile soient numĂ©risĂ©es ; Alfonso Guerra, du Parti socialiste, souhaite pour sa part que lâon aide les associations dâexilĂ©s Ă collecter et Ă rassembler leurs archives. Ă la suite dâintenses dĂ©bats, un texte emblĂ©matique de lâaction menĂ©e par le gouvernement Zapatero qui, parmi dâautres mesures phares, ordonne le retrait des troupes espagnoles dâIrak et lâinscription dans la loi du mariage homosexuel est adoptĂ© le 10 dĂ©cembre 2007, malgrĂ© lâopposition du Parti populaire la Loi dite de mĂ©moire historique Ley de Memoria HistĂłrica [39]. Elle dĂ©clare illĂ©gitimes les condamnations et les sanctions prononcĂ©es contre les victimes de la rĂ©pression franquiste, accorde des pensions aux orphelins de prisonniers, aux travailleurs forcĂ©s et aux enfants de la guerre », incite les autoritĂ©s locales Ă retirer de la voie publique les monuments commĂ©moratifs franquistes⊠Les articles 20 Ă 22 de ce texte traitent spĂ©cifiquement de la question des archives. Un Centre documentaire de la mĂ©moire historique » est ainsi créé Ă Salamanque, qui englobe les Archives gĂ©nĂ©rales de la guerre civile. Sa mission est de collecter et de classer tous les documents relatifs au conflit de 1936-1939 et Ă la rĂ©pression politique qui a suivi, qui sont conservĂ©s dans les musĂ©es, les bibliothĂšques et les centres dâarchives dĂ©pendant de lâĂtat et dont ceux-ci [doivent garder] une copie numĂ©rique ». La loi garantit Ă©galement lâaccĂšs du citoyen aux fonds conservĂ©s dans les centres dâarchives publics. 10La demande des associations, des victimes et de leurs descendants dâaccĂ©der plus facilement aux archives de la dictature est, en partie au moins, entendue par les pouvoirs publics. Ceux-ci crĂ©ent des outils destinĂ©s Ă faciliter la recherche dâinformations. Le portail intitulĂ© MĂ©moire historique » rassemble par exemple toutes les donnĂ©es relatives Ă la guerre civile et au franquisme qui sont jugĂ©es utiles pour le citoyen ; ces donnĂ©es sont accessibles en cliquant sur des onglets tels que carte des fosses communes », rĂ©parations », subventions », archives »⊠Eduardo GonzĂĄlez Calleja souligne que, dans ce champ de bataille culturel et politique » quâest devenue la mĂ©moire historique » en Espagne, lâinitiative est venue de la sociĂ©tĂ© civile et non des historiens [40]. Le dĂ©placement vers le juridique a encouragĂ© la tendance consistant Ă prĂ©senter les personnes exĂ©cutĂ©es ou mortes dans les camps comme des victimes » le ministĂšre de la Culture a ainsi constituĂ© et mis Ă disposition une base de donnĂ©es intitulĂ©e Victimes de la guerre civile et de la rĂ©pression franquiste » [41]. Le terme de victimes » est pourtant problĂ©matique puisquâil efface la dimension idĂ©ologique et politique pourtant fondamentale de lâaction menĂ©e par les personnes concernĂ©es pendant les annĂ©es 1930 [42]. La place des historiens dans la guerre mĂ©morielle » C. Boyd 11Lâun des objectifs de la Loi de mĂ©moire historique est de favoriser la recherche scientifique sur la guerre civile, le franquisme, lâexil des dĂ©mocratiques et la transition dĂ©mocratique, de contribuer Ă sa diffusion et de soutenir les en octroyant bourses et prix article 20. De fait, ce texte a un impact direct sur le travail des historiens dans la mesure oĂč il induit des budgets nouveaux pour la recherche et suscite des collaborations nouvelles entre les facultĂ©s dâhistoire et la sociĂ©tĂ© civile [43]. Ainsi, une chaire de MĂ©moire historique du XXe siĂšcle » est créée en 2004 Ă lâuniversitĂ© Complutense de Madrid, au terme dâun accord signĂ© avec lâAssociation pour la mĂ©moire sociale et dĂ©mocratique qui a Ă©tĂ© ensuite Ă©tendu Ă des fondations partisanes, la Fondation du 1er mai liĂ©e au syndicat Commissions ouvriĂšres et la Fondation Francisco Largo Caballero [44]. La volontĂ© est alors trĂšs claire dâapporter une rĂ©ponse universitaire Ă la trĂšs forte demande sociale en organisant sĂ©minaires, journĂ©es dâĂ©tudes, expositions⊠NĂ©anmoins, cette insertion dans le champ social, politique et mĂ©moriel ne va pas sans mal, comme le montre la polĂ©mique qui sâest rĂ©cemment cristallisĂ©e autour des liens entre la mairie de Madrid et la chaire de MĂ©moire historique » de lâuniversitĂ© Complutense. Celle-ci avait Ă©tĂ© chargĂ©e par Manuela Carmena Ă©lue en juin 2015 avec le soutien de Podemos dâĂ©tablir une liste des noms de rue de la capitale devant ĂȘtre modifiĂ©s pour ne plus cĂ©lĂ©brer de franquistes notoires [45]. 12 Si les associations de rĂ©cupĂ©ration de la mĂ©moire historique » ont affirmĂ© ĂȘtre les premiĂšres Ă rĂ©vĂ©ler une vĂ©ritĂ© jusque-lĂ occultĂ©e, force est de constater quâun nombre important de travaux historiques portant sur la rĂ©pression franquiste avaient dĂ©jĂ Ă©tĂ© publiĂ©s. Les historiens travaillaient en effet depuis les annĂ©es 1990 sur cette question, devenue un objet majeur de la recherche, en utilisant des sources diverses registres de dĂ©cĂšs ; archives des juridictions militaires, des camps de concentration, des camps de travail, des prisons [46]⊠Les archives des juridictions ordinaires Ă©taient Ă©galement utilisĂ©es, par exemple par Conxita Mir CurcĂł dans son Ă©tude sur les campagnes de LĂ©rida Catalogne qui rĂ©vĂšle que le franquisme Ă©tait aussi un systĂšme de pouvoir sâappuyant sur la participation des individus [47]. Ces travaux dâhistoire sociale de la rĂ©pression ont ouvert un nouveau front historiographique, sâintĂ©ressant Ă la vie ordinaire des Espagnols sous le franquisme. Ils sont le fait dâune nouvelle gĂ©nĂ©ration dâhistoriens, nĂ©s et ayant grandi sous la dĂ©mocratie, en gĂ©nĂ©ral originaires dâuniversitĂ©s situĂ©s dans des rĂ©gions pĂ©riphĂ©riques » Catalogne notamment [48]. Ces chercheurs sont dĂ©sireux de bĂątir une histoire par en bas » du franquisme ; ils attachent une grande importance aux sources orales et mettent Ă profit les archives municipales et dĂ©partementales de la rĂ©gion de laquelle ils sont originaires [49]. Dans ce contexte, on ne compte plus les ouvrages portant sur la rĂ©pression menĂ© par le camp national » et la dictature dans les diffĂ©rentes provinces espagnoles, qui rĂ©pondent Ă ceux qui Ă©manent des centres dâarchives locaux [50]. Pourtant, pour Mercedes Yusta Rodrigo, la vague mĂ©morielle qui a inondĂ© lâEspagne depuis les annĂ©es 2000 peut sâexpliquer par lâinsatisfaction ressentie par de nombreux survivants et par leurs descendants qui ne trouvent pas dans le discours hĂ©gĂ©monique sur le passĂ© rĂ©cent le rĂ©cit de leur » histoire et de leur » expĂ©rience, ou alors de façon trop impersonnelle. Cette frustration tiendrait notamment au fait que les historiens avaient longtemps dĂ©laissĂ© les sources orales en dĂ©lĂ©guant aux associations la tĂąche de collecter la parole des victimes, chargĂ©es par ailleurs par lâĂtat de mener les exhumations [51]. Comment travailler dans ce cadre complexe ? Ătat des lieux des sources disponibles Une ouverture en trompe-lâĆil des obstacles toujours nombreux 13La Loi de mĂ©moire historique prĂ©conisait, comme nous lâavons vu, une meilleure organisation et une plus grande accessibilitĂ© des fonds dâarchives relatifs Ă la guerre civile et au franquisme. Force est de constater que malgrĂ© des progrĂšs notables, il y a encore loin de la thĂ©orie Ă la pratique. La documentation est souvent tellement dispersĂ©e, parcellaire, mal cataloguĂ©e ou mĂȘme non localisable que ou la chercheuse a le sentiment dâerrer dans un vĂ©ritable maquis. Lâauteure de ce texte a ainsi consacrĂ© une annĂ©e entiĂšre Ă tenter de localiser la documentation des maisons de redressement sur lesquelles portait son travail de thĂšse, apprenant quâici elle avait brĂ»lĂ© ou Ă©tait Ă©garĂ©e, que lĂ elle avait Ă©tĂ© emportĂ©e Ă lâĂ©tranger par la congrĂ©gation religieuse chargĂ©e de la gestion de lâinstitution [52]. François Godicheau raconte, quant Ă lui, quâau dĂ©but des annĂ©es 1990, aux archives de Salamanque, avait Ă sa disposition plusieurs volumes dĂ©crivant de maniĂšre trĂšs succincte et souvent complĂštement erronĂ©e le contenu des milliers de cartons qui constituaient les fonds. NĂ©anmoins, il sâagissait dâune aubaine fantastique » pour un dĂ©butant enthousiaste que ne rebutait pas lâouverture au hasard dâun important volume de cartons [53]. Les difficultĂ©s dâaccĂšs et de consultation des archives de la guerre civile et du franquisme sont telles quâInternet fourmille de sites Ă©manant dâassociations liĂ©es au mouvement de la mĂ©moire historique » qui proposent un vademecum destinĂ© aux particuliers souhaitant retrouver la trace dâun proche [54]. Le but est pratique OĂč chercher ? Par oĂč commencer ?â [55] ». La FĂ©dĂ©ration nationale des Forums pour la mĂ©moire propose ainsi un Guide pour la recherche des personnes disparues et victimes de la rĂ©pression pendant la guerre civile et lâaprĂšs-guerre, tĂ©lĂ©chargeable en PDF sur son site internet long de 25 pages, ce document prĂ©sente les normes de consultation des archives et les diffĂ©rents fonds dans lesquels les victimes ou leurs descendants pourront trouver des informations archives militaires, judiciaires, des prisons franquistes, administratifs [56]. Guide pour la recherche des personnes disparues et victimes de la rĂ©pression pendant la guerre civile et lâaprĂšs-guerre. © Droits rĂ©servĂ©s. Guide pour la recherche des personnes disparues et victimes de la rĂ©pression pendant la guerre civile et lâaprĂšs-guerre. © Droits rĂ©servĂ©s. 14 Les autoritĂ©s elles-mĂȘmes consentent parfois Ă reconnaĂźtre lâampleur des difficultĂ©s. En 2004, une Commission interministĂ©rielle pour lâĂ©tude de la situation des victimes de la guerre civile et du franquisme » est dĂ©signĂ©e par le gouvernement de JosĂ© Luis Rodriguez Zapatero pour Ă©tudier la situation dans laquelle se trouvent les archives relatives Ă cette question [57]. Elle dĂ©crit une situation fort peu reluisante la documentation, dâun volume considĂ©rable, est largement dispersĂ©e et est loin dâĂȘtre cataloguĂ©e les instruments de description sont incomplets ou inexistants. La consultation des documents est encadrĂ©e par la Loi sur le patrimoine historique espagnol, qui prĂ©voit un dĂ©lai de consultation de 50 ans si les archives contiennent des donnĂ©es Ă caractĂšre personnel [58]. Pourtant, les obstacles sont frĂ©quents, qui tiennent Ă une organisation insuffisante des fonds et au manque de personnel, provoquant de nombreuses plaintes et rĂ©clamations. Pour lâhistorien Santos JuliĂĄ, lâĂtat aurait dĂ» accorder plus de moyens aux bibliothĂšques et aux archives plutĂŽt que de privatiser la mĂ©moire des victimes en confiant aux familles et aux associations les tĂąches de recherche, de localisation et dâidentification des dĂ©pouilles [59]. 15 Dans ce contexte, les conditions de travail diffĂšrent fortement en fonction de la rĂ©gion dans laquelle on mĂšne ses recherches elles sont ainsi trĂšs bonnes en Catalogne, oĂč lâengagement financier des collectivitĂ©s rĂ©pond Ă une demande mĂ©morielle importante de la sociĂ©tĂ©. Au niveau central, les Archives gĂ©nĂ©rales de lâadministration AGA, situĂ©e Ă AlcalĂĄ de Henares, dans les environs de Madrid, sont submergĂ©es par les archives des diffĂ©rents ministĂšres. Celui du Travail et des affaires sociales, par exemple, doit conserver entre ses murs des mĂštres linĂ©aires de documentation en attendant que celle-ci puisse ĂȘtre transfĂ©rĂ©e et traitĂ©e Ă lâAGA. En juin 2015, une protestation collective est Ă©mise par la plateforme Commission pour la vĂ©ritĂ© », dont font par exemple partie lâAssociation nationale des archivistes, des bibliothĂ©caires, des archĂ©ologues et des documentalistes ANABAD et les Fondations 1er Mai et Francisco Largo Caballero. Son slogan affirme quâ il nây a pas de transparence sans archives, et dâarchives sans archivistes ». Afin de faire la lumiĂšre sur le passĂ© rĂ©cent de lâEspagne et de garantir un fonctionnement dĂ©mocratique, les services dâarchives doivent ĂȘtre dotĂ©s de moyens leur permettant de fonctionner et de garantir lâaccĂšs des citoyens Ă la documentation quâils conservent [60]. Ce manque de moyens structurel, qui a des effets considĂ©rables sur le quotidien des se double de façon plus ponctuelle de dĂ©cisions idĂ©ologiques pour le moins contestables. Que dire par exemple de la dĂ©cision prise en Conseil des ministres le 15 octobre 2010, classifiant les archives du ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres au motif que leur consultation pouvait porter atteinte Ă la sĂ©curitĂ© de lâĂtat mais qui nâa pas Ă©tĂ© publiĂ©e au Journal officiel et nâa jamais Ă©tĂ© justifiĂ©e par lâadministration [61] ? MalgrĂ© la protestation Ă©mise par un collectif rassemblant trois cents historiens originaires de dix-sept pays diffĂ©rents [62], il est devenu impossible dâaccĂ©der Ă la totalitĂ© des archives diplomatiques de la Seconde Guerre mondiale câest un archiviste qui, au vu de la demande de lâusager, sĂ©lectionne drastiquement la documentation qui lui paraĂźt pertinente et consultable. Enfin, certains fonds restent peu accessibles la tel celui de la Fondation nationale Francisco Franco. Cette institution, créée en 1976 pour conserver les archives personnelles du dictateur et faire connaĂźtre [sa] mĂ©moire et [son] Ćuvre », est toujours prĂ©sidĂ©e par sa fille, Carmen Franco Polo [63]. Les 30 000 documents quâelle possĂšde, dans un appartement meublĂ© Ă la gloire du dictateur, sont accessibles la Ă partir dâun seul poste de consultation et sans quâaucun inventaire nâait prĂ©alablement Ă©tĂ© mis Ă sa disposition [64]. Aperçu des fonds dâarchives accessibles 16Il serait impossible de rendre compte ici de la totalitĂ© des fonds dâarchives relatifs Ă la guerre civile et au franquisme, estimĂ© au milieu des annĂ©es 2000 Ă 765 par la Commission interministĂ©rielle pour lâĂ©tude de la situation des victimes de la guerre civile et du franquisme ». Nous renvoyons au rapport rĂ©digĂ© par celle-ci, relativement dĂ©taillĂ© mais portant essentiellement sur la documentation touchant Ă la rĂ©pression [65]. Nous souhaiterions nĂ©anmoins signaler ici quelques-uns des outils pouvant faciliter le travail des Les plus prĂ©cieux proposent des bases de donnĂ©es permettant de localiser les documents conservĂ©s dans les centres dâarchives publics espagnols et latino-amĂ©ricains [66] le Portail des archives espagnoles » PARES [67] et le Guide des archives espagnoles et latino-amĂ©ricaines » [68]. 17 La rubrique archives » du portail MĂ©moire historique », hĂ©bergĂ© par le gouvernement espagnol, indique quant Ă elle dans quels fonds dâarchives le citoyen peut rechercher des informations relatives aux victimes de la guerre civile et de la dictature [69]. Ceux-ci peuvent dĂ©pendre tant des ministĂšres de la Culture, de lâIntĂ©rieur, de lâĂconomie et des Administrations publiques que de la DĂ©fense [70]. Rubrique archives » du portail MĂ©moire historique », hĂ©bergĂ© par le gouvernement espagnol. © Droits rĂ©servĂ©s. Rubrique archives » du portail MĂ©moire historique », hĂ©bergĂ© par le gouvernement espagnol. © Droits rĂ©servĂ©s. 18 Sont ainsi recensĂ©s tous les fonds dâarchives et les ressources documentaires mis Ă disposition de lâusager par le ministĂšre de la Culture, parmi lesquels 19 le Centre documentaire de la mĂ©moire historique » Centro Documental de la Memoria HistĂłrica situĂ© Ă Salamanque, il a pour mission de rĂ©unir et de rendre accessibles tous les fonds archivistiques et bibliographiques relatifs Ă la guerre civile, Ă la dictature et Ă la transition politique [71]. Notons quâune partie des inventaires des fonds dâarchives sont consultables sur internet [72] ; Les affiches de la guerre civile espagnole » [73] collection rassemblant 2 280 affiches Ă©manant des deux camps, conservĂ©es au Centre documentaire de la mĂ©moire historique ; Militaires et membres des forces de lâordre public de la Seconde RĂ©publique » [74] base de donnĂ©es recensant les noms de plus de 350 000 personnes ayant combattu dans les rangs de lâarmĂ©e rĂ©publicaine. Il est possible de rĂ©aliser une recherche Ă partir des deux noms de famille et du prĂ©nom de la personne concernĂ©e [75] ; les Archives rouges » [76] fonds contenant quelque 3 000 photographies commandĂ©es pendant le conflit par la Junte de Madrid pour dĂ©noncer les dĂ©sastres de la guerre civile » ; le Portail des mouvements migratoires ibĂ©ro-amĂ©ricains [77] » base de donnĂ©es relatives Ă lâĂ©migration espagnole vers les pays latino-amĂ©ricains. 20PrĂ©sentons pour terminer deux fonds dâarchives spĂ©cifiques qui, tous deux, illustrent lâune des principales tendances historiographiques, Ă©voquĂ©es plus haut, Ă©tudiant la rĂ©pression franquiste en se focalisant sur les individus. Les Archives des Brigades internationales 21En 1995 est créée lâAssociation des amis des Brigades internationales, dĂ©sireux de rĂ©cupĂ©rer la mĂ©moire historique [de lâorganisation] en rĂ©unissant, en organisant et en conservant le plus de sources possibles, que celles-ci soient Ă©crites ou orales, afin de documenter le rĂŽle jouĂ© par les Brigades durant la guerre civile [78] ». Il sâagit notamment de susciter et de recueillir les dons de particuliers, ainsi que dâenregistrer le tĂ©moignage dâanciens brigadistes. En 1998 est ainsi créé le Centre dâĂ©tudes et de documentation des Brigades internationales CEDOBI, hĂ©bergĂ© par les Archives provinciales dâAlbacete [79]. Le site internet du centre, clair et relativement bien construit met Ă la disposition du grand public de nombreux outils. Dans une rubrique archives », on trouvera ainsi des inventaires dĂ©taillĂ©s des documents contenus dans les diffĂ©rents fonds documentaires ainsi quâun nombre important de ressources digitales, tels que des entretiens rĂ©alisĂ©s avec dâanciens brigadistes. Les Archives du Parti communiste espagnol PCE [80] 22 Lâhistoire de ce fonds reflĂšte le destin du camp rĂ©publicain Ă la fin de la guerre civile dĂšs le mois de dĂ©cembre 1938 se pose le problĂšme de la sauvegarde de la documentation du parti, face Ă lâavancĂ©e inexorable des troupes franquistes. Au mois de janvier 1939, le secrĂ©taire du ComitĂ© central, Pedro Checa, donne lâordre dâĂ©vacuer les archives de la ville de Barcelone, les franquistes ayant pĂ©nĂ©trĂ© en Catalogne. Les archives sont transportĂ©es Ă Figueras puis en France entre le 6 et le 8 fĂ©vrier, oĂč elles sont finalement dĂ©couvertes par des gendarmes français. Au mĂȘme moment, Lucio Santiago reçoit lâordre de dĂ©truire la documentation qui se trouve toujours Ă Madrid. Les archives qui ne sont ni dĂ©truites, ni envoyĂ©es en France seront saisies par la DERD. Ainsi, Ă la fin de la guerre, les seuls documents qui restent sont ceux de lâInternationale communiste ou ceux qui avaient Ă©tĂ© envoyĂ©s Ă Moscou durant la guerre. En septembre 1950, le ministre de lâIntĂ©rieur français, Jules Moch, dĂ©clare le PCE illĂ©gal et ordonne lâarrestation de ses cadres une partie de la documentation restĂ©e sur le sol français est microfilmĂ©e dans la prĂ©cipitation et transfĂ©rĂ©e en TchĂ©coslovaquie, en Roumanie et en URSS. En 1977, lorsque le PCE est Ă nouveau lĂ©galisĂ© en Espagne, il tente de rassembler toute la documentation restante pour ce faire, les Archives historiques du PCE sont créées en 1980 [81]. Le fonds, parcellaire, est de consultation difficile puisquâil a Ă©tĂ© constituĂ© sans que ne prĂ©vale une logique de classement archivistique ; par ailleurs, les informations envoyĂ©es par les membres de lâintĂ©rieur » se trouvant en Espagne Ă lâĂ©tranger pendant la dictature sont souvent codĂ©es. Notons quâaucun instrument de consultation du catalogue nâest accessible sur internet. Site Internet des archives du Parti communiste espagnol. © Droits rĂ©servĂ©s. Site Internet des archives du Parti communiste espagnol. © Droits rĂ©servĂ©s. 23 Le cas du franquisme est un exemple emblĂ©matique des enjeux politiques, juridiques et mĂ©moriels que les archives peuvent prĂ©senter. Les difficultĂ©s entourant leur conservation et leur communication depuis la transition dĂ©mocratique, voire depuis 1936, attestent dâune mĂ©moire divisĂ©e de lâhistoire rĂ©cente de lâEspagne et du maintien dâun usage trĂšs politique de celle-ci. Lâaffaire des papiers de Salamanque » est significative dans la mesure oĂč, en janvier 2013 encore, le Tribunal constitutionnel a rejetĂ© la demande prĂ©sentĂ©e par le gouvernement rĂ©gional de Castille-et-LĂ©on, qui ne cessait de rĂ©clamer le retour des archives Ă Salamanque au titre de la nĂ©cessaire cohĂ©sion du fonds documentaire. La permanence des tensions entourant la gestion des archives, lâhypermnĂ©sie » qui touche lâEspagne depuis le dĂ©but des annĂ©es 2000, le ton toujours polĂ©mique des dĂ©bats et le durcissement des clivages historiographiques tendent Ă montrer que la mĂ©moire de la guerre civile et de la dictature ne cesse de reproduire les divisions du conflit lui-mĂȘme [82]. Ces questions ne sont pas spĂ©cifiques Ă lâEspagne, mais le dĂ©calage chronologique vis-Ă -vis des autres pays europĂ©ens frappe ; il sâexplique probablement par le fait que dans ce pays, la guerre contre les fascismes europĂ©ens y a Ă©tĂ© perdue. Tandis quâailleurs on a mis en place, aprĂšs la Seconde Guerre mondiale, des mĂ©canismes juridiques de reconnaissance des victimes, câest ici lâĂtat franquiste qui a opĂ©rĂ© de cette façon au bĂ©nĂ©fice des caĂdos » les martyrs » tombĂ©s dans le camp franquiste et ensuite cĂ©lĂ©brĂ©s par la dictature et contre la terreur rouge ». En Espagne, la question du rĂšglement des comptes du passĂ© se pose ainsi de façon rĂ©currente [83]. Notes [1] Javier Cercas, Lâimposteur roman, traduit par Elisabeth Beyer et traduit par Aleksandar GrujiÄiÄ, Arles, Actes Sud, 2015. [2] [3] Ălodie Richard et Charlotte Vorms, Transition historiographique ? », VingtiĂšme SiĂšcle. Revue dâhistoire, juillet-septembre 2015, n° 127, no 3, p. 13-41. [4] Antonio GonzĂĄlez Quintana, PolĂticas archivĂsticas para la defensa de los derechos humanos actualizaciĂłn y ampliaciĂłn del informe elaborado para la UNESCO y el Consejo Internacional de Archivos 1995 sobre gestiĂłn de los archivos de los servicios de seguridad del estado de los desaparecidos regĂmenes represivos, Santiago de Compostela, FundaciĂłn 10 de Marzo, 2009. [5] Lâhistoire acadĂ©mique, le mouvement association dit de la rĂ©cupĂ©ration de la mĂ©moire historique » et un rĂ©visionnisme nĂ©o-franquiste rivalisent. Mercedes Yusta Rodrigo, El pasado como trauma Historia, memoria y "recuperaciĂłn de la memoria histĂłrica" en la España actual », Pandora. Revue dâĂ©tudes hispaniques, 2014, no 12, p. 23-41. [6] GeneviĂšve Dreyfus-Armand, Les traces archivĂ©es du passĂ© enjeux de mĂ©moire », MatĂ©riaux pour lâhistoire de notre temps, 2003, vol. 70, no 1, p. 84-86. [7] En revanche, les descriptions des diffĂ©rents fonds dâarchives abondent, que ceux-ci soient provinciaux et rĂ©gionaux. [8] Maria JosĂ© TurriĂłn GarcĂa, Les archives de la guerre civile espagnole », VingtiĂšme SiĂšcle. Revue dâhistoire, 2015, no 127, p. 269-271. [9] Antonio GonzĂĄlez Quintana, Fuentes para el estudio de la represiĂłn franquista en el Archivo HistĂłrico Nacional, SecciĂłn Guerra Civil », Espacio, tiempo y forma. Serie V, Historia contemporĂĄnea, 1994, no 7, p. 479-508. ; Maria JosĂ© TurriĂłn GarcĂa, La biblioteca de la SecciĂłn Guerra Civil del Archivo histĂłrico Nacional Salamanca », BoletĂn de la ANABAD, 1997, vol. 47, no 2, p. 89-114. [10] Decreto creando la DelegaciĂłn del Estado para RecuperaciĂłn de Documentos », BoletĂn Oficial del Estado, n° 553, 27/04/1938, p. 6 986-6 987. [11] Il sâagit du siĂšge actuel du Centre documentaire de la mĂ©moire historique qui, comme nous le verrons, rassemble dĂ©sormais une grande partie des archives relatives Ă la guerre civile. [12] Cette politique archivistique est rĂ©gie par un texte datant de 1901 et retouchĂ© en 1948 Reglamento de RĂ©gimen y Gobierno de los Archivos del Estado, aprobado en 1901 » et Decreto de 24 de julio, de 1947, sobre OrdenaciĂłn de los Archivos y Bibliotecas y del Tesoro histĂłrico-documental y bibliogrĂĄfico ». Mariona Corominas Noguera, Los archivos en el rĂ©gimen franquista la memoria histĂłrica de una etapa polĂtica », Entelequia revista interdisciplinar, 2008, no 7, p. 281-299. [13] Il sâagissait notamment de conserver et de classer les documents ecclĂ©siastiques et monastiques saisis dans le cadre de la politique de dĂ©samortissement », qui consistait Ă mettre aux enchĂšres publiques des terres et des biens improductifs pour permettre lâaugmentation de la richesse nationale et la constitution dâune bourgeoisie et dâune classe moyenne de travailleurs propriĂ©taires. Cf. Luis Miguel de la Cruz Herranz, Panorama de los archivos españoles durante el siglo XIX y primer tercio del siglo XX », dans Generelo Lanaspa JosĂ© Juan, Moreno LĂłpez Ăngeles et Alberch i Fugueras Ramon eds., Historia de los archivos y de la ArchivĂstica en España, Valladolid, Universidad de Valladolid, Secretariado de Publicaciones e Intercambio Editorial, 1998, p. 119-160. [14] Eduardo GonzĂĄlez Calleja, "RĂ©cupĂ©ration de la mĂ©moire" et lĂ©gislation en Espagne. Chronique des controverses politiques et acadĂ©miques », MatĂ©riaux pour lâhistoire de notre temps, mai 2014, n° 111-112, no 3, p. 5-16. [15] Le dĂ©veloppement suivant est empruntĂ© Ă Ălodie Richard et Charlotte Vorms, Transition historiographique ? », art. cit. [16] Lâouvrage le plus connu est celui de Hugh Thomas, The Spanish Civil War, Reprint., London, Eyre & Spottiswoode, 1961. [17] Ricardo de la Cierva, Historia de la guerra civil española, Madrid, San MartĂn, 1969. [18] Ălodie Richard et Charlotte Vorms, Transition historiographique ? », art. cit. [19] François Godicheau, La guerre civile espagnole, enjeux historiographiques et patrimoine politique », VingtiĂšme SiĂšcle. Revue dâhistoire, juillet-septembre 2015, n °127, no 3, p. 59-75. [20] Ăngel Viñas vient dâintervenir dans un colloque qui se tient Ă Madrid, intitulĂ© Los archivos para la historia del siglo XX ». Los archivos del franquismo, decisivos para la democracia », El PaĂs, 17/11/1979. [21] Walther L. Bernecker, Los papeles de la discordia la polĂ©mica en torno al Archivo de la Guerra Civil », 2007, p. 25-44 ; MarĂa Monjas Eleta, El tratamiento informativo del traslado de documentos del Archivo de la Guerra Civil de Salamanca a Cataluña en El Norte de Castilla y El Mundo de Castilla y LeĂłn », dans SalomĂ© Berrocal Gonzalo dir., Periodismo polĂtico nuevos retos, nuevas prĂĄcticas actas de las comunicaciones presentadas en el XVII Congreso Internacional de la SEP, 5 y 6 de mayo de 2011, Valladolid, universitĂ© de Valladolid, 2011, p. 709-731 [22] [23] Câest la rĂ©ponse formulĂ©e par la hiĂ©rarchie militaire Ă la demande de lâhistorien visant Ă obtenir lâaccĂšs Ă certains fonds dâarchives. Francisco Espinosa Maestre, Tiempo de historia, tiempo de memoria El fenĂłmeno de la "memoria histĂłrica" en España 1996-2010 », Pliegos de Yuste. Revista de cultura y pensamiento europeos, 2010, no 11, p. 13-16. [24] Ălodie Richard et Charlotte Vorms, Transition historiographique ? », art. cit. [25] Comisiones obreras est une confĂ©dĂ©ration syndicale créée clandestinement dans les annĂ©es 1960 par le Parti communiste espagnol et des militants catholiques opposĂ©s au rĂ©gime pour proposer une alternative aux seuls syndicats autorisĂ©s, dits verticaux », qui mĂȘlaient travailleurs et patrons. Cf par exemple Ruiz GonzĂĄlez David dir., Historia de Comisiones Obreras 1958-1988, Barcelone, Siglo XXI de España Editores, 1994. [26] Eduardo GonzĂĄlez Calleja, "RĂ©cupĂ©ration de la mĂ©moire" et lĂ©gislation en Espagne. Chronique des controverses politiques et acadĂ©miques », art. cit. [27] JuliĂĄn Casanova, El pasado oculto fascismo y violencia en AragĂłn 1936-1939, 1a ed., Madrid, Siglo XXI de España, 1992. [28] M. Yusta Rodrigo, El pasado como trauma », art. cit. [29] StĂ©phane Michonneau, Espagne. Les fantĂŽmes de la guerre civile et du franquisme », art. cit. [30] M. Yusta Rodrigo, El pasado como trauma », art. cit. [31] Ălodie Richard et Charlotte Vorms, Les historiens pris dans les conflits de mĂ©moire », VingtiĂšme SiĂšcle. Revue dâhistoire, juillet-septembre 2015, n° 127, no 3, p. 3-12. [32] Danielle Rozenberg, MĂ©moire, justice et... raison dâĂtat dans la construction de lâEspagne dĂ©mocratique », HistoirePolitique, [en ligne], septembre-octobre 2007, n° 2, . [33] Lâexpression de mĂ©moire historique » y dĂ©signe lâhistoire des victimes par opposition Ă celle des bourreaux. M. Yusta Rodrigo, El pasado como trauma », art. cit. [34] S. Michonneau, Espagne. Les fantĂŽmes de la guerre civile et du franquisme », art. cit. [35] La rue ne retrouvera son nom initial rue de Gibraltar » quâen 2011. [36] A. GonzĂĄlez Quintana, Los archivos de la represiĂłn en los procesos de transiciĂłn polĂtica dimensiĂłn de un problema social que supera los lĂmites de la archivĂstica, Buenos Aires, 1997 [ [37] Emilio Silva, Les tĂąches quâil reste Ă faire », El PaĂs, 15/12/2002. 15 dĂ©cembre 2002, consultĂ© le 13 janvier 2016. [38] GeneviĂšve Dreyfus-Armand, Les traces archivĂ©es du passĂ© », art. cit. [39] Ley 52/2007, de 26 de diciembre, por la que se reconocen y amplĂan derechos y se establecen medidas en favor de quienes padecieron persecuciĂłn o violencia durante la guerra civil y la dictaduraâ, BOE n° 310, 27/12/2007, pp. 53 410-53 416. [40] E. GonzĂĄlez Calleja, "RĂ©cupĂ©ration de la mĂ©moire" et lĂ©gislation en Espagne. Chronique des controverses politiques et acadĂ©miques », art. cit. [41] [42] Sophie Baby, Sortir de la guerre civile Ă retardement le cas espagnol », Histoire Politique, [en ligne], novembre-dĂ©cembre 2007, no 3, ; Sophie Baby, VĂ©ritĂ©, justice, rĂ©paration de lâusage en Espagne de principes internationaux », MatĂ©riaux pour lâhistoire de notre temps, 21 mai 2014, n° 111-112, no 3, p. 25-33. [43] Ălodie Richard et Charlotte Vorms, Transition historiographique ? », art. cit. [44] 44 [45] AttaquĂ©e par la presse espagnole de droite, la directrice de la chaire de MĂ©moire historique », lâhistorienne Mirta NĂșñez DĂaz-Balart, a dĂ©cidĂ© en fĂ©vrier dernier de renoncer Ă apporter son expertise Ă la mairie de Madrid, jugeant que les conditions de sĂ©rĂ©nitĂ© nĂ©cessaires Ă la rĂ©alisation dâun travail scientifique nâĂ©taient pas rĂ©unies. Cf. par exemple . [46] Manel Risques Corbella, Archivos y fuentes documentales del mundo concentracionario y penintenciario español », 2003, p. 251-266. [47] Conxita Mir CurcĂł, Vivir es sobrevivir justicia, orden y marginaciĂłn en la Cataluña rural de posguerra, 1a ed., Lleida, Milenio, 2000. [48] Oscar J. RodrĂguez Barreira, Vivir y narrar el Franquismo desde los mĂĄrgenes », 2013, p. 11-28. Mercedes Yusta Rodrigo, Le premier franquisme vu dâen bas » », VingtiĂšme SiĂšcle. Revue dâhistoire, juillet-septembre 2015, n° 127, no 3, p. 231-244. [49] Angela Cenarro Lagunas, La Historia desde abajo del Franquismo », 2013, p. 29-44. ; JosĂ© MarĂa Gago GonzĂĄlez, Las fuentes orales y el exilio », Migraciones & Exilios Cuadernos de la AsociaciĂłn para el estudio de los exilios y migraciones ibĂ©ricos contemporĂĄneos, 2007, no 8, p. 121-135. ; JosĂ© MarĂa Gago GonzĂĄlez et Pilar DĂaz SĂĄnchez, La construcciĂłn y utilizaciĂłn de las fuentes orales para el estudio de la represiĂłn franquista », Hispania Nova. Revista de historia contemporĂĄnea, 2006, no 6, p. 91 . [50] Chaque centre dâarchives provinciales, ou presque, a publiĂ© un ouvrage de ce type ; voir par exemple Carlos Alvarez GarcĂa, Responsabilidades polĂticas y libertad vigilada el caso de Soria fuentes documentales conservadas en el Archivo HistĂłrico Provincial 1937-1972 », dans El franquismo, el rĂ©gimen y la oposiciĂłn actas de las IV Jornadas de Castilla-La Mancha sobre InvestigaciĂłn en Archivos Guadalajara, 9-12 noviembre 1999, vol. 2, Guadalajara, ANABAD Castilla-La Mancha, 2000, p. 599-620 ; Chris Madsen, Fuentes documentales de la DelegaciĂłn de Hacienda en el Archivo HistĂłrico Provincial de Ciudad Real durante la Guerra civil », dans AlĂa Miranda Francisco, Valle Calzado del Angel RamĂłn et Morales Encinas Mercedes Olga eds., La guerra civil en Castilla-La Mancha, 70 años despuĂ©s actas del Congreso Internacional, Servicio de Publicaciones, 2008, p. 133-148 ; Blanca Pascual Gonzalo, Fondos documentales para el estudio del franquismo en el Archivo HistĂłrico Provincial de Albacete », dans El franquismo, el rĂ©gimen y la oposiciĂłnâŠ, op. cit., p. 451-484. ; MarĂa de la Almudena Serrano Mota, Fuentes documentales para el estudio del franquismo en el Archivo HistĂłrico Provincial de Cuenca », ibid., p. 417-430. ; Elvira Valero de la Rosa, La represiĂłn de la masonerĂa al tĂ©rmino de la Guerra Civil en los documentos del Archivo HistĂłrico Provincial de Albacete », Anaquel boletĂn de libros, archivos y bibliotecas de Castilla-La Mancha, 2011, no 51, p. 33-34. [51] Mercedes Yusta Rodrigo, El pasado como trauma », art. cit. [52] AmĂ©lie Nuq, La rééducation des jeunes dĂ©viants dans les maisons de redressement de lâEspagne franquiste 1939-1975, thĂšse soutenue le 19 novembre 2012 Ă l'universitĂ© de Provence. [53] François Godicheau, La guerre civile espagnole, enjeux historiographiques et patrimoine politique », art. cit. [54] [55] [56] [57] [58] Ley 16/1985, de 25 de junio, del Patrimonio HistĂłrico Español, BOE n° 155, 29/06/1985, p. 20 342-20 352. [59] Eduardo GonzĂĄlez Calleja, "RĂ©cupĂ©ration de la mĂ©moire" et lĂ©gislation en Espagne. Chronique des controverses politiques et acadĂ©miques », art. cit. [60] [61] DâaprĂšs les historiens Juan Carlos Pereira et Carlos Sanz, la dĂ©cision de classifier des fonds contenant des documents jugĂ©s sensibles doit ĂȘtre replacĂ©e dans le contexte de la rĂ©vĂ©lation du fait que des vols de la CIA Ă destination de Guantanamo avaient fait escale et Espagne, et de lâĂ©clatement de lâaffaire fronteras historiadores que abren nuevas vĂas. DiĂĄlogo con Juan Carlos Pereira y Carlos Sanz, consultĂ© le 13 janvier 2016. [62] [63] 63 [64] Une polĂ©mique est nĂ©e en 2002 autour de la question des aides publiques reçues par la Fondation nationale Francisco Franco » pour lâaider, comme dâautres structures conservant des archives, Ă Ă©tablir un classement informatisĂ© de ses fonds. [65] Le rapport distingue les fonds dĂ©pendant des ministĂšres de la Justice, de lâIntĂ©rieur, de la DĂ©fense, de la Justice et des Affaires Ă©trangĂšres, ainsi que des CommunautĂ©s autonomes, des administrations locales et dâentitĂ©s privĂ©es. [66] [67] [68] [69] [70] Notons quâau moment oĂč cet article a Ă©tĂ© rĂ©digĂ©, en janvier 2016, aucun des liens devant faciliter les dĂ©marches de lâusager auprĂšs du ministĂšre de lâIntĂ©rieur pour consulter des documents ne fonctionnait. [71] Maria JosĂ© TurriĂłn GarcĂa, Les archives de la guerre civile espagnole », VingtiĂšme SiĂšcle. Revue dâhistoire, 2015, no 127, p. 269-271. [72] [73] 73 Ă lâadresse internet indiquĂ©e, on trouve une description gĂ©nĂ©rale de ce fonds iconographique mais pas dâinventaire, en revanche. [74] [75] [76] [77] [78] Ana PĂ©rez, Julia RodrĂguez Cela et Gemma Calatayud Arcos, La memoria de las Brigadas Internacionales a travĂ©s de la DocumentaciĂłn recogida por la AsociaciĂłn de Amigos de las Brigadas Internacionales AABI », DocumentaciĂłn de las ciencias de la informaciĂłn, 2013, no 36, p. 85-102. [79] [80] Victoria Ramos, La represiĂłn franquista en el archivo histĂłrico del PCE », Hispania Nova Revista de historia contemporĂĄnea, 2007, no 7, p. 81. [81] Elles se trouvent Ă lâadresse suivante Biblioteca HistĂłrica MarquĂ©s de Valdecilla de la Universidad Complutense de Madrid, C/Noviciado, 3, Madrid. [82] Ălodie Richard et Charlotte Vorms, Transition historiographique ? », art. cit. [83] Eduardo GonzĂĄlez Calleja, "RĂ©cupĂ©ration de la mĂ©moire" et lĂ©gislation en Espagne. Chronique des controverses politiques et acadĂ©miques », art. cit.
Enarrivant, jeudi matin, au tribunal de Kirov, accompagné de sa longiligne épouse, Youlia, Alexeï Navalny, 37 ans, est encore un homme libre, décontracté et
Le 27 janvier 1945, tout en repoussant devant elles la Wehrmacht, les troupes soviĂ©tiques dĂ©couvrent le camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau, Ă l'ouest de Cracovie Pologne, aujourd'hui le plus emblĂ©matique des camps nazis. Accueillies par 7000 dĂ©tenus survivants, elles ont la rĂ©vĂ©lation de la Shoah. Camp de concentration classique devenu plus tard camp de travail forcĂ© et camp d'extermination immĂ©diate, destination principale des juifs de France, Auschwitz a pris une place centrale dans l'histoire de la Shoah, au point de fausser la vision que l'on peut en avoir. Il a fait oublier que la majoritĂ© des cinq Ă six millions de victime juives ont Ă©tĂ© exterminĂ©es par d'autres moyens que le gaz famine, mauvais traitements et surtout fusillades de masse. Un camp de concentration devenu camp d'extermination Auschwitz OĆwiÄcim en polonais se situe dans le gau de Haute-SilĂ©sie, dans le Nouveau Reich », autrement dit dans une rĂ©gion polonaise annexĂ©e Ă l'Allemagne. Le camp est amĂ©nagĂ© le 30 avril 1940 dans une ancienne caserne pour incarcĂ©rer les rĂ©sistants polonais. Son commandement en revient Ă Rudolf Höss, lieutenant-colonel SS de 39 ans qui a dĂ©jĂ servi au camp de Dachau, prĂšs de Munich. Il introduit dans le nouveau camp le systĂšme de Kapos inaugurĂ© Ă Dachau, par lequel les SS arrivent Ă maintenir les prisonniers dans la soumission avec un minimum d'effectifs. Les Kapos sont des criminels de droit commun chargĂ©s de surveiller les autres prisonniers et de les faire travailler. S'ils ne se montrent pas assez efficaces et donc brutaux, ils sont dĂ©chus de leur statut et renvoyĂ©s avec les autres prisonniers, ce qui signifie pour eux une mise Ă mort gĂ©nĂ©ralement atroce dans la nuit qui suit. De fait, les premiers prisonniers qui arrivent Ă Auschwitz sont trente Kapos allemands. Auschwitz et le travail forcĂ© Auschwitz I reçoit Ă partir de l'Ă©tĂ© 1941 des prisonniers de guerre soviĂ©tiques. Comme il est situĂ© dans une rĂ©gion trĂšs industrialisĂ©e, le camp attire l'attention de la firme chimique IG Farben. Elle commence Ă implanter d'importantes usines Ă proximitĂ© afin de faire travailler les dĂ©tenus. Convaincu que le travail contribue Ă assagir les prisonniers, Höss affiche au-dessus de la grille du camp la devise cynique inaugurĂ©e Ă Dachau Arbeit macht frei Le travail rend libre ». Mais les prisonniers soviĂ©tiques ne rĂ©sistent pas longtemps aux mauvais traitements et beaucoup meurent d'Ă©puisement. Pour combler les vides dans un camp prĂ©vu pour plus de cent mille dĂ©portĂ©s, Himmler dĂ©cide alors d'envoyer Ă Auschwitz essentiellement des Juifs, ceux qui survivent au travail forcĂ©, aux Ă©pidĂ©mies et Ă la terreur Ă©tant de toute façon vouĂ©s Ă ĂȘtre exĂ©cutĂ©s. En 1942, une extension, avec des baraquements en bois Auschwitz II, est rĂ©alisĂ©e prĂšs du village de Birkenau Brzezinka en polonais, dans un terrain marĂ©cageux de 170 hectares. LĂ sont amenĂ©s les dĂ©portĂ©s destinĂ©s Ă une mort immĂ©diate ou devenus inaptes au travail. Ils sont au dĂ©but, comme dans les autres camps d'extermination, asphyxiĂ©s par les gaz d'Ă©chappement d'un camion, dans les bois jouxtant le camp. Un troisiĂšme camp Auschwitz III reçoit, comme Auschwitz I, les prisonniers destinĂ©s au travail forcĂ©. La plupart sont affectĂ©s dans une usine chimique voisine de la firme IG Farben dĂ©diĂ©e Ă la production de caoutchouc synthĂ©tique. Auschwitz, au bout de l'horreur Dans le camp d'extermination de Birkenau, Höss a bientĂŽt l'idĂ©e de remplacer le gaz d'Ă©chappement par du Zyklon B, un insecticide Ă base d'acide cyanhydrique. Il s'agit de cristaux verts qui se gazĂ©ifient spontanĂ©ment au contact de l'air ! Ă l'automne 1942, il fait construire quatre chambres Ă gaz capables de contenir chacune 2 000 victimes. Un industriel lui fournit autant de fours crĂ©matoires pour brĂ»ler au plus vite les cadavres de dĂ©portĂ©s. Ces fours doivent tout Ă la fois Ă©liminer les corps, qui Ă©taient au dĂ©but ensevelis dans des fosses communes, et lutter contre une Ă©pidĂ©mie de typhus qui sĂ©vit dans le camp et affecte les gardiens autant que les dĂ©portĂ©s. Du fait de ces Ă©quipements surdimensionnĂ©s qu'il faut bien utiliser, Auschwitz va devenir Ă partir du printemps 1943 le principal lieu d'extermination des Juifs. Ă cette date, notons-le, environ 80% des victimes de la Shoah ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© tuĂ©es. Vers Auschwitz vont ĂȘtre envoyĂ©s en particulier les dĂ©portĂ©s français, Ă partir du camp de transit de Drancy, au nord de Paris. Le camp, oĂč sĂ©vissent 3 000 SS, va connaĂźtre une pointe d'activitĂ© Ă la fin de la guerre, au printemps 1944, avec l'extermination prĂ©cipitĂ©e de 400 000 Juifs de Hongrie, ces malheureux Ă©tant gazĂ©s et brĂ»lĂ©s au rythme de 6 000 par jour. L'indicible vĂ©ritĂ© En dĂ©finitive, Auschwitz apparaĂźt comme le seul camp oĂč l'extermination a Ă©tĂ© pratiquĂ©e de façon industrielle. Un mĂ©decin diabolique, Josef Mengele, s'y est rendu par ailleurs cĂ©lĂšbre en pratiquant des expĂ©riences insoutenables sur les dĂ©portĂ©s Ă des fins scientifiques. Ă leur arrivĂ©e, les convois de dĂ©portĂ©s faisaient l'objet d'une sĂ©lection sur la rampe juive », situĂ©e entre le camp principal et Auschwitz-Birkenau les uns, gĂ©nĂ©ralement les moins valides, Ă©taient immĂ©diatement gazĂ©s et leurs cadavres brĂ»lĂ©s ; les autres Ă©taient envoyĂ©s aux travaux forcĂ©s dans les chantiers ou les usines du complexe, aprĂšs avoir Ă©tĂ© tatouĂ©s. Notons qu'Auschwitz est aussi le seul camp oĂč les dĂ©portĂ©s destinĂ©s aux travaux forcĂ©s avaient le bras tatouĂ© du matricule qui devenait leur seule identitĂ© officielle. Environ un million cent mille Juifs sont ainsi morts Ă Auschwitz-Birkenau, auxquels s'ajoutent environ 300 000 non-Juifs. OĆwiÄcim est aujourd'hui une ville polonaise presque ordinaire de 40 000 habitants. PubliĂ© ou mis Ă jour le 2022-01-26 140631
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